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Texte écrit pour la performance de Delphine Melliès
« Transhumance »

30 mars 2022

Musée de la Chasse et de la Nature,  75003 Paris

« TRANSHUMANCE », est un ensemble performatif amorcé en mai 2021, fruit d’un travail préparatoire s’étirant sur de plus de deux années. C’est avec sa performance éponyme réalisée au sein du Musée de la Chasse et de la Nature que Delphine Melliès viendra clore son projet et ainsi parachever tout un processus de transition et métamorphose que constitue ce cycle de performances autour des fêtes de l’Ours.
En choisissant l’Ours, cette figure animale symbolique, l'artiste cherche à nous orienter vers un brouillage intense des limites, celles qui d’ordinaire nous contraignent à ne voir du monde que sa part sensible. Depuis déjà longtemps la proximité de l’homme avec l’animal a été envisagée à un niveau spirituel et les folklores - arts traditionnels et populaires - ont largement puisé dans cette manne. Les fêtes de l’Ours qui sont célébrées dans les Pyrénées Françaises en font partie. Il restait à pousser plus en avant ce mouvement logique et aberrant pour nous conduire vers une esthétique relevant autant de l’intime que de la mémoire collective. En procédant à des immersions corporelles, le processus créatif de l’artiste se veut un rituel infernal autant qu’un transport médiumnique visant à obtenir un dérèglement des sens. Elle cherche ainsi à transcender les limites du corps et à ressentir au plus près les pulsions de vie et de mort, à la conjonction des deux faces de la vie, visible et invisible, et toujours alors dans le but de faire l’expérience d’une certaine forme d’au-delà.
Entre animalité et sacré, le sang a trouvé une place de choix dans « TRANSHUMANCE ».
Perçu dans l’imaginaire collectif comme ce qui nous définit, autant collectivement qu’intimement, il est associé à la naissance comme à la mort et nous renvoie à une puissance qui échappe à notre entendement.
Le sang sacrificiel, seul, permet-il d’ouvrir les portes ?
N’offre-t-il pas la possibilité d’accéder à cet intervalle entre les mondes qui nous demeure inaccessible ?
Toute l’histoire de l’humanité n’a cessé de tourner autour de cette question. Quelle est notre véritable nature ? Sommes-nous des êtres malléables ou sommes-nous autrement issus d’une lignée animale consanguine ?


Le travail de Delphine Melliès s’inscrit dans l’expérimentation d’un imaginaire qui ferait surgir une immanence devenue transcendantale dans la mesure où elle serait appréhendée en dehors d’elle et du seul fait de la quête esthétique qui l’a motivé. Ses performances sont dans ce domaine d’une efficacité redoutable.

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