
Vestiges et rémanence,
un parcours éphémère
13 - 19 juin 2022
9 rue de Mogador, 75009 Paris
jeanne révaY,
CYRIL ZARCONE
L’art et l’architecture ont toujours entretenu des relations foisonnantes, certainement facilitées par la proximité de leurs recherches conceptuelles. Que ce soit sur les notions d'espaces, de mesures, de temps, de perceptions, d'usages et de matériaux, régulièrement les préoccupations des artistes rejoignent par des chemins de traverse celles des architectes, à savoir les différentes façons d’habiter le monde. Avoir un abri pour soi, y ordonner tout autour le chaos de façon esthétique, rester en osmose avec la nature et profiter de sa lumière. Mais ce n’est jamais sans ignorer les diverses menaces qui font qu’un jour tout peut disparaître, car ce serait sans compter sur les forces antagonistes que sont les éléments naturels tels que l’air, le feu ou l’eau, l’instabilité des sols, la fragilité des matériaux, l’usure du temps et surtout la main de l’homme.
Cette exposition, qui a pour fil rouge les vestiges et leur rémanence, travaille la question des matériaux utilisés dans les œuvres d’art. Entre continuité et finitude, nouveauté et conservation, elle veut souligner un lien particulier entre l’art et l’architecture en mettant en avant le détournement, et par voie de conséquence la conservation, des matières rapportées que les artistes utilisent.
C’est dans un appartement occupé par deux locataires de passage qu’il a paru intéressant de montrer des œuvres témoignant de cette rémanence des vestiges. A l’instar de leurs hôtes, les visiteurs ne feront à leur tour que traverser les lieux provisoires d’un espace intime en parcourant les espaces imaginaires des œuvres présentées.
La matière du présent est constituée de l’accumulation de couches du passé dont il ne reste souvent que des fragments sans connexions. D’une certaine façon, les œuvres d’art conservent l’empreinte symptomatique de ces temps révolus et restent des marqueurs forts de changement. Notre vision du monde, aujourd’hui, s’attache de moins en moins aux choses et de plus en plus au vivant dans sa totalité. Alors dans quelle mesure l’art recourant à la matière des choses ne serait-il pas à son tour un vestige du passé ?