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Texte écrit pour l'artiste Raphaël Renaud
« Pour un regard tourné vers l’intérieur »

Raphaël Renaud peint d'après des photos qui lui viennent de son quotidien. Les sujets choisis semblent anodins, sans calcul particulier, juste des clichés pris dans la profusion d’images perçues sans cesse par nos yeux dans une conscience immédiate du monde. Ce sont des scènes de la vie quotidienne où se joue une infra-réalité qui d’ordinaire nous échappe et semblerait même prosaïque. Mais, bien plus que de montrer des sujets, Raphaël Renaud évoque surtout les impressions que nous avons parfois, quand nous prenons le temps de poser un regard sur ce qui nous entoure, avec introspection, un regard qui nous inspire des pensées, des sentiments ou des émotions. Il ressort des peintures de Raphaël Renaud une impression de calme, d’un temps à l’arrêt, qui plus que vouloir fixer le souvenir d’un moment, comme le cliché d’une pâtisserie avant qu’elle ne soit mangée, veulent conserver l’état de bien-être qui en procédait.

Mais ce sont aussi des impressions qui restent fugaces, comme le bref regard dans un rétroviseur ou encore la pose d’un chat immobile qui vous regarde. Autant d’arrêts sur image qui viennent interrompre le continuum temporel. Ainsi, l’impression qui domine dans le travail de Raphaël Renaud est celle d’un temps comme succession de moments d’intimité avec lesquels se révèlent des ambiances particulières plus intimes encore, et cela sans qu’il soit nécessaire de forcer le trait. Car Raphaël Renaud applique sur ces clichés photographiques des couches de peinture qui les métamorphosent, jusqu’à rendre des représentations hyperréalistes pareilles à des fictions, lesquelles ne cessent d’osciller entre rêve et réalité pour parvenir à rendre compte de notre vie ambiancielle.

Même si le regard n’est pas forcément intentionnel, il peut révéler des perceptions en tension, des sentiments intériorisés, avec des clichés pris sur le vif, comme on dit, et qui ont une esthétique qui leur est propre. Raphaël Renaud veut rendre la visibilité qui leur manquait. Ils sont le substrat d’une réalité qui échappe d’ordinaire à tout analyse, car ne renvoyant pas à un sujet face à l’objet, mais à ses impressions. Le sujet en peinture est un choix qui souvent se plie au diktat de la visibilité. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’artistes visent plutôt ce qui se trame en dessous. Raphaël Renaud en fait partie.

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