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04 mai - 08 mai 2022

La galerie de l'OpenBach, 75013 Paris

04 mai - 08 mai 2022

La galerie de l'OpenBach, 75013 Paris

Texte écrit pour l'exposition de Benoît Lefeuvre & Daniel Bourgais
« Rhizomes, Émergences de paysages »

20 septembre - 18 octobre 2023

Espace Carpeaux, Courbevoie 92400

Nous avons pris l’habitude de vivre la ville comme une constellation de fragments concentrée dans les limites d’un espace central, débordant sur les alentours qui en sont exclus, dans une logique hiérarchique. Mais sans doute nous manque-t-il de la hauteur et de la profondeur pour appréhender un autre modèle d’organisation spatiale et sociétal, qui s’inspirerait d’une architecture décentrée, horizontale et interconnectée. Cette organisation pourrait s’inspirer de la structure organique du rhizome, ou comme schéma de pensée, là où tout élément peut influencer l’autre et qui évolue en permanence. Ne faudrait-il pas pour cela renouveler notre propre conception des espaces ?

 

L’exposition Rhizomes s’emploie à y remédier par le biais de deux démarches artistiques menées par Daniel Bourgais et Benoît Lefeuvre. Bien que leurs approches photographiques soient différentes, c’est un même projet qui les motive, celui de révéler des formes esthétiques par un processus d'abstraction du réel pour aller vers une hybridation. Dans leurs approches expérimentales et sensibles de la technique se mêlent ensemble le naturel, l’artificiel et la mémoire. Les deux artistes cherchent à matérialiser des espaces physiques jusque-là imperceptibles et les liens qui les unissent. Ils proposent ainsi une vision augmentée qui dépasse de loin notre simple perception, pour nous faire basculer dans une autre approche sensible de ces territoires que nous habitons, qui fondent nos perspectives et façonnent notre regard. C’est aussi pour repenser la place du non-humain grâce à une meilleure compréhension de ce qu’on ne voit pas. S’il est question de faire émerger de nouveaux paysages, de rendre compte de leur caractère éphémère par leurs transformations, mais également régénératif par l’activité rhizomique qui leur sert de fondation, c’est bien pour accéder à un autre imaginaire des espaces.

 

Daniel Bourgais conçoit son travail plastique à partir d’une série de photographies de la ville de Courbevoie et de ses alentours. Tout en utilisant le numérique comme matière première, il opère une approche picturale sensible qui recourt autant aux données recueillies qu’à la mémoire du paysage arpenté. Il utilise la photogrammétrie pour restituer les différentes épaisseurs du relief et du temps, en les superposant. Daniel Bourgais ré-explore ainsi ses propres trajectoires sur un temps indéfini, au coeur de la ville et de son territoire. C’est en sculptant de cette façon l’espace scanné qu’il peut atteindre, par la révélation et les souvenirs, une dimension propre aux paysages. De la sorte la photographie, qui n’a plus à copier fidèlement la réalité, donne place à l’imagination. Elle favorise une alchimie entre l’objet qu’elle a fixé, ici des paysages, et le sujet qui les regarde. Elle ouvre un passage quasi initiatique entre le monde et ceux qui en font partie et permet de revenir aux choses-mêmes.

 

Il en va de même pour Benoît Lefeuvre qui utilise des films argentiques comme support de création pour les enfouir dans la terre, matériau pris comme agent de décomposition, pour opérer un travail de métamorphose. L’amalgame ainsi obtenu sur la pellicule, où fusionnent matière organique et composants chimiques photosensibles, parvient à ne plus dissocier le naturel de l’artificiel. Ce procédé favorise l’apparition du mycélium sur les films argentiques. Ces racines filamenteuses souterraines qui forment le champignon se développent en rhizomes. Benoît Lefeuvre poursuit la culture du mycélium en l'utilisant comme support physique de certaines images et sculptures. Ces pièces biodégradables s'inscrivent alors dans une économie circulaire en prévision de leur retour à la terre, ou au contraire par le choix de leur conservation, grâce aux qualités durables et écologiques de ces myco-matériaux. Cet emploi n’est pas sans rappeler les recherches scientifiques qui ont prouvé l’efficacité de ce champignon dans le traitement des sols contenant de lourds polluants. Il s’agit d’impliquer le vivant dans un processus latent où le recyclage et l’humus se complètent pour créer une synergie vertueuse. Si les résultats obtenus pourraient évoquer, par leur aspect invasif et évolutif, les variations et transformations des paysages qui y étaient photographiés, c’est avant tout à une nouvelle géographie qu’accède notre regard.

 

Au cœur de l’exposition se retrouve la volonté de questionner le rapport à notre environnement et son devenir. Daniel Bourgais et Benoît Lefeuvre proposent d’ouvrir notre regard, pour autant que les œuvres donnent matière à interroger le monde et l’écologie. C’est aussi l’affaire du Festival Atmosphères qui veut sensibiliser son public sur son environnement quotidien. Pour reprendre en main nos espaces, il pourrait être nécessaire de remettre en réseau le vivant, de l’ouvrir à tous les possibles et de le repenser dans une logique d’écosystème et de partage.

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